Rembrandt

Cinéaste concerné, dont la filmographie navigue sur une ligne de crête entre l'engagement et l'intime (avec succès dans L'exercice de l'État, avec moins de réussite dans Un peuple et son roi) jusqu'à son incursion dans le monde de la série (en adaptant Dans l'ombre d'après Édouard Philippe), Pierre Schoeller déploie un vrai-faux thriller qui ne manque pas d'allure. Au-delà des rapports et enjeux vertigineux entre nécessités industrielles et écologiques que la première partie du film réussit à exposer avec efficacité, il embrasse aussi les questions d'un rapport au monde, à l'art, au temps et aux autres. Dans le parcours d'une Claire que la secousse induite par les tableaux du maître déplace intimement, le cinéaste en capte surtout les effets intimes plus que les conséquences professionnelles. Le film échange l'exigence mécanique narrative du thriller pour une plongée plus sensible dans un tressaillement artistique. Si dans ce mélange, Romain Duris semble un brin perdu, Camille Cottin porte un personnage habité avec justesse et permet à Pierre Schoeller, au-delà de la prégnance des enjeux (et de la rigueur avec lesquels ils sont évoqués), de les éclairer avec autant de rigueur que de sensibilité.