Eugène Leroy, les corps et la lumière

C'est le mérite des transmissions que de permettre de garder vivant le travail et la démarche d'un artiste : à la suite de la donation des fils de l'artiste au musée tourquennois en 2009, plusieurs expositions ont permis d'approfondir le lien entre l'établissement et l'artiste (via notamment une grande rétrospective en 2010 et un autre parcours en 2022 autour des années 50-70). Largement méconnu pendant la plus grande partie de son existence, Eugène Leroy accède à une notoriété et une reconnaissance plus large dans les années 80 et 90.
Après la mort de sa femme en 1979, il rencontre Marina Bourdoncle en 1985 qui devient son modèle autant que sa muse l'accompagnant dans l'atelier, posant, lisant, jouant de la musique tandis que Leroy (de cinquante ans son aîné) approfondit son travail. Si les nus occupent une large place de sa production de l'époque, le passage du temps et des saisons, le changement des couleurs et de la luminosité hantent largement les tableaux de ses dernières années et l'accrochage permet d'en découvrir de magnifiques exemples, sublimés par la scénographie aérée et la luminosité qui émane du plafond. Après les tableaux auxquels Leroy aimait consacrer la matinée, l'exposition dévoile des dessins, fruits des travaux et des recherches de la fin d'après-midi. S'y exprime un trait rapide qui saisit le mouvement et les formes en s'attachant aussi à en retranscrire le mouvement dans une superposition de contours vifs. Tout à la fois instructif et saisissant, le parcours conçu par Mélanie Lerat et Bénédicte Duvernay dévoile aussi la manière dont Leroy habite son atelier.