Si de Jan Brueghel, on connaissait le célèbre père artiste (Pieter Bruegel l'Ancien, grand observateur du monde paysan et de ses fêtes, célébrées en ce moment au Palais des Beaux-Arts de Lille) et les collaborations avec Pierre Paul Rubens, le minutieux travail des commissaires (Cécile Laffon et Jahel Sanzsalazar) dévoile que c'est avec Hendrick van Balen que Jan Brueghel a le plus collaboré au long de son intense carrière. Classique, l'accrochage donne à voir d'abord le travail de l'un puis de l'autre avant d'explorer comment l'intensité et la fécondité de leur collaboration ont donné naissance à des œuvres parmi les plus remarquables du XVIIème siècle.
Artiste polyvalent, Jan Brueghel l'Ancien déploie un savoir-faire presque total, nourrit son art de sujets mythologiques ou religieux et gagne en notoriété et en talent après son séjour italien qui lui ouvre les portes de nombreuses commandes. Bien qu'il soit presque tombé dans un relatif oubli, van Balen jouit également à l'époque d'une grande notoriété, sa culture antique, sa curiosité le hisse parmi les grands artistes anversois et il accomplit également le voyage vers Rome, ce qui lui vaut d'entrer dans le cercle restreint de la guilde des Romanistes.
Dès 1600, les deux hommes presque voisins, entame une collaboration comme il s'en fait beaucoup à l'époque et qui s'appuie sur les talents de chacun. Jan Brueghel, paysagiste minutieux et fin observateur, se charge du décor ou du panorama tandis que van Balen, dont les figures expressives et souvent joyeuses, se consacre aux personnages. La combinaison presque symbiotique entre les deux artistes donne naissance à de magnifiques tableaux, entre scènes mythologiques (Le banquet des dieux, Les noces de Thétis et Pélée ou L'enlèvement d'Europe), religieuses (l'étonnant Christ jardinier) et des formats nouveaux qui feront les beaux jours du duo : les allégories (dont l'exposition présente celles de l'eau et de la terre). Le binôme s'épanouit jusqu'à la mort de Brueghel en 1625, mais leur héritage se prolonge avec leurs fils (Jan Brueghel le Jeune et Jan van Balen) et leurs ateliers, habitués à travailler de concert.
Pédagogique sans être érudite ou pompeuse, l'exposition dévoile avec finesse et pertinence un pan méconnu de la peinture flamande appuyé sur un magnifique choix de 70 œuvres qui confirme, s'il en était besoin, la qualité du travail accompli par le musée et son équipe.